Vous avez sûrement déjà eu, ou déjà vu un cheval qui se grattait la crinière ou la queue au point de se l’arracher complètement. Il est extrêmement frustrant d’avoir un cheval qui devrait avoir une magnifique crinière et qui finit par ressembler à un poney qui sort d’une semaine de rave-party. C’est non seulement moche, mais c’est aussi très douloureux pour votre cheval.
On appelle cela, la dermite estivale ! C’est une allergie aux piqûres de moucherons (les culicoïdes). Des allergies ont également été démontrées vis-à-vis des piqûres d’autres insectes : moustiques, taons, mouches irritantes ou piqueuses, voire les mouches plates. Cette piqûre crée chez les chevaux sensibles une inflammation de la peau qui leur donne une furieuse et irrépressible envie de se gratter quitte à anéantir leur crinière ou leur queue. Elle est souvent confondue avec une atteinte par les vers, car le cheval va se gratter les fesses à tous les endroits possibles et imaginables. Le propriétaire va donc régulièrement constater que le vermifuge n’y change rien.
Comment faire alors pour le traiter ? La réponse est simple : il ne doit pas se faire piquer par les moucherons. Simple, mais pas si simple que ça.
A l’heure actuelle il existe plusieurs stratégies à mettre en place mais aucune n’est efficace dans 100% des cas. Je me permets de vous rappeler que ces conseils sont généraux et peuvent ne pas convenir à l’état de santé de votre cheval. Votre vétérinaire traitant doit rester votre interlocuteur principal.
Conseil #1
Vous pouvez rajouter de l’ail déshydraté dans la ration de votre cheval si celui-ci est d’accord de le manger. Ce n’est franchement pas toujours le cas. Le but est de modifier l’odeur de la transpiration pour moins attirer, voire répulser les insectes.
Conseil #2
Utiliser un anti-mouche. Efficace mais seulement si vous passez la journée avec votre cheval, ce qui malheureusement ou heureusement pour vous n’est pas le cas. Effectivement, cela fonctionne, mais sur une courte durée car les produits vont s’évaporer très rapidement et encore plus si le cheval transpire. La grande difficulté lors du traitement d’un cheval c’est que tout ce que vous appliquerez sur la peau va vite s’évaporer du fait de la transpiration, ce qui ne sera pas le cas avec un chat ou un chien à qui l’on peut aisément appliquer une pipette anti-tique/anti-puces et qui va tenir un mois voire trois mois selon les produits et ça, parce qu’ils ne transpirent pas par la peau, mais par les coussinets uniquement. Ce qui n’est pas le cas du cheval, donc tout produit appliqué sur la peau va être éliminé avec la transpiration, plus le cheval transpire et plus il élimine rapidement les produit. Pratique quand c’est la canicule. Il existe néanmoins des produits qui sont actifs plus longtemps (2 à 8 semaines) et qui vont aussi avoir un effet positif sur le contrôle des tiques. Parlez-en à votre vétérinaire.
Conseil #3
Certaines personnes utilisent l’huile de cade qui a une forte odeur et qui est très huileuse. Son odeur et sa texture empêchent les moucherons de venir piquer à la base des crins. Elle peut être efficace mais je ne l’apprécie pas sur le long terme car elle empêche la peau de respirer. Il existe d’autres soins locaux à appliquer qui sont peut-être plus adaptés. Parlez-en à votre vétérinaire.
Conseil #4
La couverture anti-moustique intégrale. Si le cheval la garde bien sûr ce qui n’est pas le cas de tous mais ça vaut le coup d’essayer. Environ 15% de ma clientèle en porte et ça se passe bien comme ça alors cela vaut la peine de tenter.
Conseil #5
La désensibilisation aux allergies. LE grand débat. La désensibilisation est un traitement qui permet en quelque sorte de donner un cours au système immunitaire en lui rappelant comment il est censé se comporter quand il se retrouve face à un allergène car pour rappel l’allergie c’est un dérèglement de la réponse du système immunitaire qui se met à attaquer quelque chose contre lequel il ne devrait normalement pas se défendre. Comme tout traitement qui module le système immunitaire, les résultats sont très aléatoires d’un cheval à l’autre. Vous l’observez dans votre entourage aussi parmi vos connaissances qui ont des allergies, certains diront qu’ils découvrent une nouvelle vie après la désensibilisation, d’autres vous affirmeront que cela n’a strictement rien changé. En plus de ça les résultats sont observés après un an et demi voire deux ans de désensibilisation, ce n’est donc pas une récompense immédiate, ce qui est de plus en plus difficile à accepter dans notre actuelle société de consommation où la rapidité est attendue dans tous les domaines. Si vous avez réussi à mettre votre mal en patience et qu’après 2 ans de désensibilisation votre cheval va mieux, vous êtes dans la situation gagnante, il y a moins d’effets secondaires que les injections de cortisone “longue action” qui elles ont certes un effet rapide pour “pas cher” mais des effets secondaires importants sur le court et le long terme (risque de fourbure et de développer la maladie de Cushing). Si malheureusement au bout de 2 ans votre cheval n’a bénéficié d’aucune amélioration avec la désensibilisation, c’est que ce n’est pas un traitement adapté pour lui. Ce qui peut être très frustrant après avoir investi ce temps et cet argent…
Conseil #6
Rentrez les chevaux le soir. Cela peut paraître simpliste mais c’est le soir que les moucherons sortent et certains chevaux sont bien moins embêtés au box la nuit.
J’espère que ces conseils vous seront utiles pour mieux cerner cette problématique et que votre cheval pourra passer un été sans se gratter.
On se retrouve bientôt pour parler du deuxième sujet des beaux jours : la fourbure.